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Si vous avez croisé un jour Guillaume Caron, son physique vous a sans doute interpellé. Très longue barbe frisée poivre et sel, crâne rasé, petites lunettes carrées posées sur un regard bleu clair, jean constellé de couleurs de peinture, tongs aux pieds en toute saison, carrure d’athlète tatoué… et l’air très détaché ! Derrière ce personnage exubérant, se dissimule un spécimen suffisamment rare pour qu’on s’y attarde et attache. C’est dans son atelier caverne à Menin en Belgique, où il met une touche finale à sa prochaine exposition privée, que la rencontre est organisée.
L’antre de Guillaume Caron se trouve à l’abri de tous les regards. On n’arrive pas chez l’artiste par hasard et si c’était le cas, une porte de garage avec volet roulant nous interdit tout accès. C’est donc après avoir montré patte blanche que la caverne s’ouvre pour laisser percevoir les 1 000 m2 de structure voutée brute consacrée aux œuvres. C’est ici que le très lève-tôt (en moyenne 3h du matin) organise sa prolifique vie artistique, à côté d’un bloc habitat réduit au strict minimum. L’abondance de la production de tableaux saute aux yeux. Les formats XXL, les couleurs pétantes des séries de portraits d’hommes et de femmes de culture et de pays différents, les regards d’animaux sauvages perçants font basculer dans un autre monde, celui de la création débridée et libérée.
Des projets, Guillaume Caron en a plein la tête. Une tête bien faite qui lui offre la rigueur, la patience, l’intelligence d’aller au bout de chaque épisode de création.
Né en juillet 1967 à Valenciennes, Guillaume Caron sort vite du rang et du cursus classique. Passionné dès son plus jeune âge par les insectes, les collections de crânes d’animaux, il choisit d’étudier les ARTS APPLIQUÉS puis l’architecture d’intérieur. Son parcours montre une perpétuelle évolution de la dissection du monde vivant qu’il soit humain, animal ou végétal.
Au moment de notre rencontre, à peine deux mois après son retour d’un 7ème séjour en Amazonie, l’artiste peintre est en pleine préparation d’une exposition privée dans son atelier.
Il y révèle une série de portraits très inspirés par le célèbre tableau de Marie-Guillemine Benoist (1 800) qui annonçait l’abolition de l’esclavage. Sans critère établi, Guillaume Caron fait reprendre la même pose aristocratique de « La négresse » avec le sein droit pointé (symbole de la liberté) à des hommes, femmes, enfants de tous âges, toutes religions, toutes couleurs. Une façon de réaffirmer le droit à la liberté de tout un chacun ! Certains portraits arborent le drapé devenu tricolore suite aux événements de novembre dernier qui secoue la République. Une série qui montre à quel point, dans le contexte actuel, le droit à la liberté doit être sans cesse réaffirmé.
L’artiste présente aussi le prolongement d’une autre série intitulée « Ombres portées ». Il y aborde, avec d’autres codes esthétiques, ce même hommage à la vie que l’artiste poursuit depuis toujours. Plus fragile avec ses torsions, plus noire avec ses ombres et son traitement monochrome, plus ambiguë avec le fondu d’un corps de femme nue dans un entrelacs d’ombres et de lumière : la série de tableaux met en scène un ballet chorégraphique lyrique végétal et humain. Une très belle observation de la nature qui se compose, se décompose et devient objet artistique. Un hymne à la vie dans sa pluralité.
« Il faut garder du végétal une trace écrite » était d’ailleurs la signature d’une exposition privée organisée à l’hôtel Clarance à Lille en juin dernier par l’association Art&Go. Ce rendez-vous faisant écho à une fresque végétale réalisée par l’artiste dans la majestueuse montée d’escalier de cet établissement 5 étoiles.
Artiste, mais aussi architecte designer, Guillaume Caron est régulièrement sollicité par des lieux publics et privés pour des interventions sur commande. On le retrouvera notamment prochainement associé à l’ouverture d’un hôtel lillois.
Si vous rencontrez Guillaume Caron, n’hésitez surtout pas à lui parler. Il n’est avare ni de paroles, ni d’humour. Et surtout, il éclaire de son regard affuté les bonnes raisons qui donnent foi en la vie.